Victoria aux premières loges des courants changeants dans les sciences phonétiques
« Victoria est tout simplement une ville incroyable. J’ai visité beaucoup d’autres endroits dans le monde et, chaque fois que je reviens à la maison, je suis reconnaissante d’habiter ici. »
Quand Sonya Bird a eu l’occasion de soumettre une candidature pour le Congrès international des sciences phonétiques 2027, elle n’a pas pu s’empêcher de proposer sa ville.
L’événement, organisé par l’International Phonetic Association tous les quatre ans, est l’un des plus importants rassemblements dans le domaine de la phonétique et attire généralement jusqu’à 1 000 congressistes.
Les éditions passées se sont notamment tenues à Prague, à Melbourne, à Glasgow, à Hong Kong, à Barcelone, à San Francisco, à Stockholm, à Tallinn et même à Montréal, en 1971.
Professeure de linguistique à l’Université de Victoria (Colombie-Britannique), Sonya Bird trouvait que le moment était venu de ramener l’événement au Canada après plus de 50 ans.
Dr. Sonya Bird,
Professeure agrégée au Département de linguistique
Directrice du Laboratoire de recherche sur la parole
Conseillère pédagogique au certificat en revitalisation des langues autochtones
Université de Victoria
De plus, en tant que membre du programme d’accueil de Destination Greater Victoria, Mme Bird avait accès au soutien et aux ressources nécessaires pour créer une proposition attrayante.
Toutefois, elle devait non seulement prouver l’excellence de la ville en matière de phonétique, mais aussi démontrer son attrait en tant que destination de voyage. Heureusement, Victoria coche toutes ces cases avec brio.
Les racines autochtones : moteur d’excellence en sciences phonétiques
L’Université de Victoria offre l’un des plus anciens programmes de phonétique au Canada. Ce dernier a d’ailleurs été fondé par le professeur émérite John Esling, ancien président de l’International Phonetic Association et membre de la Société royale du Canada.
L’université a aussi une longue tradition de collaboration avec les Premières Nations. Ensemble, ils travaillent à la revitalisation des langues autochtones et effectuent de la recherche phonétique avec des locuteurs afin d’apprendre de leurs riches systèmes phonétiques.
Le travail de Sonya Bird combine ces deux aspects : ses recherches se concentrent sur la documentation des systèmes phonétiques des langues locales et visent à contribuer aux efforts de revitalisation.
« Nous apprenons toujours de nouvelles choses sur les capacités humaines, nos façons de communiquer et les sons que nous émettons en travaillant avec des locuteurs de langues locales.
« C’est génial! Grâce à ces langues, nous faisons toutes sortes de découvertes sur les appareils articulatoire et phonatoire et leur fonctionnement. »
Sonya Bird espère que ces trouvailles aideront les nouveaux apprenants, qui garderont ces langues en vie pour les générations futures. « Nous pouvons utiliser nos recherches dans le cadre du mouvement de revitalisation des langues autochtones en soutenant les apprenants qui cherchent à peaufiner leur prononciation et en les outillant pour qu’ils puissent parler des différents sons et de leur signification. »
Profiter de l’expertise d’ici… jusqu’aux Prairies
La proposition a mis à profit l’expertise canadienne en matière de phonétique pour former le comité d’organisation, dont Sonya Bird est la présidente et John Esling, le président honorifique.
Ce travail colossal a été rendu possible grâce à la collaboration de nombreux établissements : dans l’Ouest, l’Université de Victoria, l’Université de la Colombie-Britannique, l’Université Simon Fraser et l’Université de Vancouver Island et, dans les Prairies, l’Université de Calgary, l’Université de l’Alberta, l’Université Lethbridge et l’Université de la Saskatchewan.
« Ensemble, nous disposons d’une vaste expertise en sociophonétique, en typologie phonétique, en apprentissage et en enseignement des langues, en acquisition de la prononciation d’une langue seconde, en technologie de la parole et en revitalisation des langues autochtones, a déclaré Sonya Bird. Donc, les grands sous-domaines de la discipline sont couverts par notre équipe locale. »
Grâce à cette base solide, elle a pu travailler avec le centre des congrès de Victoria, Destination Greater Victoria, la Ville de Victoria et l’organisateur professionnel de congrès de Venue West pour élaborer une proposition impressionnante qui comprend notamment des lettres de soutien de l’Association canadienne de linguistique, de l’Association canadienne d’acoustique et de l’Acoustical Society of America.
Elle souhaite aussi tirer parti de la proximité avec Seattle (Washington), un centre d’excellence en technologie de la parole étroitement lié aux spécialistes de la recherche et entrepreneurs du Canada.
Une destination connectée et accueillante
L’accessibilité de Victoria est un avantage pour les membres de l’association qui viendront du monde entier.
Comme le mentionne la présidente du comité d’organisation, la ville est bien structurée pour les voyageurs. Il est facile de s’y déplacer, elle offre une foule d’activités extérieures et les cultures autochtones sont omniprésentes. Sonya Bird aimerait notamment organiser une visite de la Première Nation Songhees pour en apprendre plus sur son utilisation des terres traditionnelles, ses attraits et ses sites culturels importants.
« J’adore Victoria. Je suis ravie d’accueillir des gens dans cette merveilleuse région et de leur donner l’occasion de visiter l’île de Vancouver. »
Courants changeants dans la mer des Salish
Maintenant que la tenue de l’événement est confirmée, que nous réservera le Congrès international des sciences phonétiques 2027?
« Nous avons choisi pour thème les courants changeants, a déclaré Sonya Bird. Il reflète l’emplacement géographique de Victoria, exposée aux courants changeants de la mer des Salish et de l’océan Pacifique.
« Il reflète aussi la transition vers des méthodes qui placent les communautés au cœur de notre travail comme elles y participent et en bénéficient. Enfin, c’est le reflet de notre contexte de recherche en constante évolution. »
Les séances plénières aborderont la technologie de la parole, la phonétique clinique et la documentation de la phonétique axée sur la communauté. Elles célébreront également la diversité culturelle et linguistique, notamment les langues autochtones, les langues d’héritage et le multilinguisme.
Un héritage durable pour la linguistique
Bien sûr, Sonya Bird espère que les congressistes passeront du bon temps à Victoria et y reviendront, mais elle aimerait aussi que le congrès marque les gens, la planète et le lieu de manière positive.
Côté universitaire, elle croit que le thème central des courants changeants, visant à promouvoir une approche plus inclusive des communautés de pratique, sera bénéfique.
« Il y a toujours une population cible dans nos recherches. Il faut donc se demander comment changer nos façons de faire pour qu’elle joue un plus grand rôle dans la recherche à laquelle elle participe et dont elle bénéficie.
« Nous avons l’occasion de bâtir des liens solides avec l’industrie et les partenaires de la communauté lors de cet événement. Espérons que cela aidera à faire évoluer nos manières de travailler ensemble. »
Elle compte aussi favoriser l’engagement des Nations Songhees, Esquimalt et W̱SÁNEĆ qui habitent l’île depuis des temps immémoriaux.
Il pourrait, par exemple, y avoir des séances dédiées aux langues autochtones, des présentations d’universitaires autochtones ou de membres de la communauté et un logo d’événement conçu par un artiste autochtone.
« J’ai déjà demandé à Venue West de prioriser les entreprises autochtones dans le processus d’approvisionnement. Tous les éléments ne seront pas vus par les visiteurs, mais c’est important pour le comité et moi. »
Chef de file en matière de durabilité
À Victoria, les considérations environnementales sont au cœur des priorités.
En effet, l’Université de Victoria est le premier établissement universitaire à faire affaire avec Ecovadis, le plus grand fournisseur d’évaluation en matière de durabilité au monde. De plus, le Centre des congrès de Victoria a été désigné carboneutre par l’Ostrom Climate’s Offsetters Community.
À plus grande échelle, Destination Greater Victoria a reçu la certification de destination touristique durable de Biosphere, un programme de l’Institut du tourisme responsable, et Victoria s’est classée 22e au monde et 1re en Amérique du Nord selon l’indice international de suivi du développement durable (indice GDS) en 2024.
De son côté, Bird souhaite créer un événement zéro déchet et encourager le recours au transport public et actif.
Créer un congrès qui alimente les relations
L’objectif de Sonya Bird est de créer un congrès qui favorise les relations, le réseautage et les connexions.
« Je suis si inspirée à l’idée de rassembler autant de gens pour un événement que j’organise, a-t-elle déclaré.
« Se réunir, bâtir des relations et voir ce qui en ressort, c’est très précieux à mes yeux.
« Je pense que ce sera une occasion incroyable pour la recherche, les échanges et le partage. C’est aussi un endroit merveilleux à visiter! »
Réseau des visionnaires du Canada
Faites la connaissance de visionnaires d’ici, comme Sonya Bird, dont l’esprit avant-gardiste et le leadership dans leur secteur respectif contribuent à attirer des événements d’affaires internationaux au pays.